Inside Niger

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Hommage aux fils de Noun

J’étais parti au Niger pour réaliser un documentaire sur le fleuve éponyme.
Je disposais de quatre semaines. Cinq cents kilomètres à parcourir, le long du fleuve Niger dans sa partie comprise entre la frontière avec le Mali et la frontière avec le Nigéria. J’avais découvert ce pays quelques années auparavant. Le documentaire « Wodaabe – les bergers du soleil » documentaire réalisé par Werner Herzog en 1989, fut pour moi une illumination. La rencontre avec le Niger fut, avant tout, une rencontre avec ses habitants.
La capitale, Niamey, avec le lever du soleil, se transforme rapidement dans un essaim vrombissant de gens, de cars, de taxis, tous en quête de fortune et de quelques pièces pour gagner un plat de « riz-sauce », comme on l’appelle par ici. En toile de fond, l’étendue infinie des maisons de banco rouge et une ligne à l’horizon : le vaste lit du fleuve Niger. L’origine du nom Niger est incertaine. Le fleuve est longtemps resté une énigme pour les géographes. L’hypothèse la plus accréditée fait dériver l’étymologie du nom de l’expression Touareg « gber-n-igheren », le fleuve des fleuves, raccourci en ngher, un nom local utilisé dans la région de Tombouctou. Le fleuve Niger est, depuis des siècles, lieu d’échange et de rencontres entre des cultures et des ethnies différentes, « genius loci » dépositaire des mythes et des légendes, résidence d’importantes divinités, de Ba Faro (Mère de l’Humanité) à l’être primordial Noun, ce sont les eaux génératrices, matrice de tous les êtres vivants. Cent dix millions des personnes habitent aujourd’hui ses rives, des sources des monts Tingi en Sierre Leone, jusqu’à Port Harcourt au Nigeria. Au cours de ces journées de février chaudes et laiteuses, s’est déployé devant moi un microcosme de métiers et de caractères : des marchands, des prêtres, des bouchers, des tanneurs, des ouvriers, des jardiniers, des enseignants, des pêcheurs, des potiers, des femmes et des hommes qui tous les jours renouvèlent le lien noué aux eaux troubles du fleuve. La rencontre fut naturelle, sans intermédiaire. Au-delà des métiers exercés par chacun, émergèrent des psychologies et des caractères individuels. Le métier s’incarnait et révélait des personnalités très différentes.
Le long du fleuve, de la ville Ayorou à l’ouest, en passant par Tillabéri, Tera, et Niamey jusqu’aux rives vertes et luxuriantes du parc W, j’ai partagé des bribes de vie de ce monde posé sur des équilibres fragiles, dessiné par les eaux du Niger, par le vent du désert et, de plus en plus, par des activités anthropiques. En effet, si le symbole d’un possible rapport harmonieux et respectueux envers la nature et ses ressources semble exister au travers de ces portraits, plane la menace de la sécheresse et de l’avancée du désert, qui priverait les agriculteurs de leurs déjà maigres récoltes et empêcherait toute activité issue de l’eau. Sauver le fleuve signifie donc sauver ses hommes : tuteurs et gardiens de Noun.

Nicola Lo Calzo

Publications

Inside Niger

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Kehrer éditeur
Textes Laura Serani & Sami Tchak

Couverture rigide
Français / Anglais

21,5 cm x 31 cm – 116 pages
Papier 170g semi-matt Luxo

Novembre 2012
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